édition 2024 - 2025 La Turballe - Marseille - Madère - Martinique

Sous la pluie !

Les partisans de la route nord de cette 10e Transquadra Madère Martinique sont entrain de contourner leur deuxième dépression, par le nord… Pluie, vent… il y a fort à parier que pour une bonne moitié de la flotte, les cirés soient (ou vont être) ressortis des sacs. Mais une fois ce dernier passage franchi ce sera le grand toboggan vers les Antilles !

En tête des nordistes depuis le début de la course : le duo Noël Racine/Ludovic Sénéchal (Foggy Dew), suivi par un trio de solitaires, Alex Ozon (Sapristi) qui a remis du nord dans sa route et du charbon (comme toujours) dès qu’il a pu retoucher du vent vendredi et les deux plus extrêmes nordistes : Pierrick Penven (Zephyrin) et Paolo Magione (Ciao Ciao).

A priori, sauf imprévu mécanique, d’ici quelques heures ils vont commencer à mettre enfin du sud dans leur route, à l’instar d’une grosse partie du peloton, dans leur sillage. La majorité des concurrents affiche de belles vitesses moyennes autour de 8 nœuds : ce dimanche s’annonce tonique et efficace !

Un peu plus sud, partisans depuis le début d’une route médiane, Gérard Quenot/Jérôme Apolda (Blue Skies), Jean Passini/Dimonique Dubeau (SNA Numerobis) et, pas très loin, Philippe Claude/Frédéric Gautier (Champagne) côté doubles ; Arnaud Vuillemin (Jubilations Corses), Jean-François Hamon (Pour Aster), Olivier Grassi (Grassi Bateaux) chez les solos, vont, finalement, eux aussi, laisser ces basses pressions dans leur sud, dans des conditions un peu moins toniques, mais en faisant un peu moins de route…

Quel sera au final le meilleur compromis ? Réponse en début de semaine prochaine !

Cette dépression ayant donc finalement repris un peu de coffre et glissé un peu vers le sud, elle va à nouveau aspirer le peu d’alizés qui soufflait sur la route sud et l’orthodromie… mais pendant pas très longtemps à priori. Mardi, l’ensemble de la flotte devrait bénéficier des mêmes conditions : un flux de d’est-nord-est de 15 – 20 nœuds, du soleil et, toujours, plus que jamais, le bonheur d’être en mer !

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Les mots de la nuit

Frédéric Nouel et Denis Lazat (Fondation de la mer) : le bonheur est dans la soupe ;-)

Tout va bien à bord de Fondation de la Mer.
Mon bon moment de la journée, aujourd'hui, c'est un moment de la nuit.

Le hasard des enchainements a fait que plusieurs fois depuis le départ, je me suis retrouvé à être de quart entre 4h00 et 6h00 du matin.

Je dis le hasard effectivement car alors même que nous en avons l'intention, les successions n'ont rien de systématique ni de scrupuleusement méthodique. La nuit, Frédéric et moi avons tendance à alterner des périodes de veille et de sommeil de deux heures, mais en début de nuit le premier à aller dormir est simplement le plus fatigué des deux.

L'heure de la première prise de quart de nuit dépend quand même un peu aussi des besoins du services (manœuvres, navigation, vaisselle à faire, etc...) si bien qu'en fin de compte, aucune routine ne s'installe.

Et dans ces enchainements largement aléatoires, donc, je me suis retrouvé plusieurs fois seul sur le pont entre 04h00 et 06h00.

Or, ceux d'entre vous qui suivent un peu Fondation de la Mer sur cette course savent que la route que nous avons suivie est passée jusqu'à présent par des endroits  plutôt calmes, voire très calmes. Et même plus que calmes, en sorte que je me suis retrouvé en 4h00 et 6h00 dans un bateau immobile posé sur une mer d'huile. Et comme souvent dans ces cas là, rien à faire.

Il faut que je vous dise qu'à cette période de l'année ce moment est le plus sombre d'une nuit sans lune, surtout quand les nuages omniprésents cachent totalement les étoiles. C'est aussi le moment le plus froid de la nuit, juste avant les premières lueurs de l'aube. Bref quand ça caille et qu'il fait noir ce n'est pas spécialement un moment sympa. Et la nuit dernière, dans la série "il ne manquerait plus qu'il pleuve", hé bien justement il s'est mis à pleuvoir.

Je me suis évidemment réfugié dans le carré, et c'est là qu'est intervenu l'épisode de la petite soupe de 5h00 du mat.

Lumière rouge de la table à carte, on allume le réchaud (facile: rappelez-vous le  bateau est totalement immobile) et on met de l'eau à chauffer.

A ce stade de l'histoire je dois faire attention. Jean-Francois Deniau dans "la mer est ronde" se moque gentiment des navigateurs qui n'ayant rien à dire racontent comment leur solitude est allégée par l'ouverture d'une bonne boite de cassoulet ou de blanquette de veau.

Et pourtant ma petit soupe de 05h00 du mat' fut un vrai moment de bonheur qui m'a fait chaud au cœur dans la nuit froide et noire. Moitié madeleine de Proust, moitié feu de cheminée.

Il faut dire que depuis la sortie de "La mer est ronde", les soupes ont fait des progrès. Les soupes aux 5 légumes de jadis avaient toutes le même goût fadasse des conservateurs. De nos jours on a l'embarras du choix et les recettes sont toujours plus exotiques et sophistiquées. Et
vas-y une pointe de coriandre par-ci, un soupçon de gingembre par-là, à moins qu'on parte sur une légère note de basilic...? Soupe Thaï ou Miso soup?

Finalement je me suis décidé pour le coté décalé d'une soupe de betteraves et fêta conseillée par Ariane et Elodie chez "Lyophilisé.Fr". L'eau bouillait. J'ai ouvert le paquet. J'ai versé, j'ai attendu, et quelques minutes plus tard c'était mon bon moment de la journée d'hier.
Denis
A bord de Fondation de la Mer

 

Olivier Hausheer et Christian Zaugg (Marimar IV)

La dernière orange de Madère ! Nous avons fini les oranges du départ. Il ne nous reste plus que des citrons (pour ça on attend les poissons volants), et quelques mains de bananes. Ces fruits, issus des producteurs locaux sont délicieux. Et, là, je voudrais pousser un grand cri : QU’ON ARRÊTE DE NOUS FOURGUER DES ORANGES, DES MANDARINES, ET AUTRES FRUITS ET LéGUMES PROVENANT DES CULTURES HORS-SOL DES SERRES EN PLASTIQUE DE LA RéGION D’ALMERIA ! Nos grands magasins (en Suisses, en tous cas, mais il en va peut-être de même dans les super-hypermarchés français) n’ont plus que ça à « offrir » à leurs clients. Il y a une vingtaine d’années encore, dès le mois de décembre, on pouvait acheter sans réfléchir des mandarines ou des oranges car elles provenaient d’Italie, de Corse, d’Afrique ou d’Israël. Et elles étaient vraiment très bonnes. Mais, en s’accommodant du traitement infligé à la main d’œuvre immigrée locale, nos grands distributeurs (COOP, MIGROS, Aldi, Lidl, et les autres) préfèrent soigner leurs dividendes plutôt que le bon goût de leurs clients…
Bon, côté régate, on a ENFIN empanné pour prendre la direction des Antilles. Notre petite escapade vers le sud, en quittant nos copains du nord, nous a fait brièvement passer en 18ème position. Ça nous a valu des éloges de nos fans, mais nous savions qu’il y avait peu d’espoir de garder ce classement. Le raccourcissement de la route n’a pas compensé la faible vitesse de ces 3 derniers jours.
La grande question est de savoir si ceux (et surtout celles) qui ont vraiment choisi l’option sud n’ont plus aucune chance de revenir dans le match. Rien n’est moins sûr (!).
Voici une semaine de course. Nous avons presque atteint les 1000 milles depuis Madère, et il nous en reste environ 1700 pour atteindre le graal. Les premiers poissons volants, de plus en plus de touffes de sargasses, et il a fait beau une bonne partie de la journée, avant que la grisaille s’installe à nouveau.

Voilier MARIMAR IV, cagnard 243, 17h20 GMT ; position : 31°06 N ; 35°31 W