édition 2024 - 2025 La Turballe - Marseille - Madère - Martinique

Mots et grains du large

Arnaud Vuillemin (Jubilations Corses) : La nuit les grains sont traîtres
Les Alizés peuvent être doux, avec 20nds de vent et de belles glissades. Mais cette nuit, j'ai eu la version sombre des Alizés. Se prendre un grain dans la nuit noire c'est une expérience à éviter si l'on peut. 
J'ai eu une succession de problème, Morphée n'était pas loin. Je suis allé me coucher paisiblement dans mon pyjama, quand j’entends un BOOM. Je sors du lit illico, le diagnostic est vite fait. Le bras a rompu au niveau de la mâchoire du tangon : 10 jours d'efforts intensifs ont eu raison de mon bout malgré le surgainage en Dyneema. Le spi tient sur l'écoute. Tant bien que mal et malgré les 20nds de vent, je remets en place le tangon sur l'écoute qui devient bras, j'attendrai le jour pour remettre le bras.
30 min plus tard de nouveau dans mon lit, alarme de vent et contre-gite importante. J’entends le pilote travailler, mais cela ne suffit pas la gîte s'accentue et le bateau part à l’abattée !! branle-bas le combat, la survie du mat est en jeu !! j'escalade la descende dans un vacarme associant alarmes et bruits de voiles qui battent. Le tangon est dans l'eau. Je largue en grand le hale bas de tangon, choque du bras, le bateau se redresse, de nouveau empannage, réglage…

Ouf, rien de cassé. Mais ce n’est pas fini le grain est en cours, il pleut, le vent fraîchit encore. Il fait nuit noire, je n'ai aucun repère visuel. Je m'accroche et prend la barre, je n'ai pas de ciré, je suis trempé, les rafales s'accentuent et on dépasse les 30nds avec le grand spi lourd. C'est très limite... je pars dans de gros surf, ça envoie sévère mais le moindre faux pas et c'est la sortie de route...
J'arrive à contrôler la bête jusqu'à l'accalmie. Mais j'ai eu chaud.
La nuit les grains sont traîtres, difficile à anticiper, on ne peut que subir. L'autre solution c'est l'affalage. Mais dans 30nds, seul, c'est compliqué.
J'ai eu du mal à refaire confiance au pilote. Mais la fatigue a fini par me rattraper...

Alex Ozon (Sapristi) : grain de nuit aussi…
Depuis hier soir c'est engagé mais ça le fait dirait-on...
Sous grand spi dans 20kts voir grimpant dans la nuit 22 25 claquounette à 26kt.
Je barre je barre et je barre... Je vais me reposer car 24h de barre j'ai mal partout bas du dos, haut du dos, cervicales et j'en passe...
Bim vrac, et pan je me lève les fesses contre chez pas koi, benh ce sera un beau bleu !
Bim 30 jusqu'à 32,8kts sous grand spi et GV haute. Je prends le stick et reste pendant 25 longues minutes...mais ça reste à 28 31 établis. Va affaler toi là-dedans. Bref 1er essai, raté... 2ieme ratouillet mais raté kan même.. Le 3e là faut que ça passe et nickel sans même le mouiller...10 min de pause. Je vais préparer le spi lourd en attente, et dès que ça baisse un peu je renvoie la bulle. Milieu de nuit toujours sympa.
Sinon top le bato filait comme une comète avec un beau quartier de lune... dans le grain le run à 19,4kts m'a fait dire d'affaler...
Bonne fin de nuit
Sapristi qui s'approche tranquillement !

Patrick Morvan et Guillaume Pinta (Team BFR Marée Haute) : grain encore…
Nous revoilà à 8h10, après un affalage expresse du grand spi dans un grain, On vient d'envoyer le foc tangonné le temps que le jour se lève. C'est donc vacances de barre et je peux vous écrire. 
La journée d'hier fut radieuse de bout en bout : de celle dont on voudrait à chaque fois que l'on met le pied sur un bateau, du soleil, du vent, des embruns chauds, et du spi à  bonne allure,
Une grande première pour moi :  nous avons tous les 2 vu le rayon vert (je ne l'avais vu qu'au cinéma). À sa dernière seconde d'apparition le soleil est vert, sans rayonnement. Patrick est un habitué non blasé de cette apparition.
Et la nuit fut aussi bien avec une bonne lune (croissante et qui sera pleine pour notre arrivée) apparaissant au-dessus de notre tête en début de nuit sous forme d'un bol.
Nous allons avoir à remonter légèrement au-dessus de la route directe pour passer au-dessus d'une molle de vent. Et nous allons avoir de bonnes conditions jusqu'à l'arrivée qui pourrait en début de nuit martiniquaise de lundi soir prochain.
La vie est aussi belle !
Je vais attaquer mes travaux météo et routage du jour, prendre une tartine et renvoyer le spi avec Patrick.
Bonne journée à tous
Team BFR Marée Haute

Jean Passini et Dominique Dubeau (SNA – Numerobis) : bord à bord avec Olivier Grassi
Les poissons volants sont arrivés ! Et les grains aussi… 
Sacré bizutage pour SNA-NUMEROBIS : spi explosé en quelques instants dans un grain invisible. Le réveil fut rude pour celui qui dormait et le vrac compliqué ! On a remis en route après avoir rangé les vestiges d'un vieux spi qui était très polyvalent.
Il nous reste ce qu'il faut mais cela incite à la prudence ... On a remis les gaz quelques heures après et c'est reparti.
Et nous avons eu la bonne surprise de nous croiser avec Grassi Bateaux !! Vraiment quasi route de collision. C'est toujours magique de voir les bateaux des solos avancer seuls avec personne sur le pont, et avancer bien, vraiment bien ! On a d'ailleurs assisté à l'empannage d’Olivier en direct à côté de nous dans une mer bien formée : bravo !
Bon, pas facile de rivaliser avec les nouvelles carènes de nos concurrents ...mais rien n'est fait ! 
Alors à très bientôt et bonne soirée à tous !

Jean-François Ouillet et Philippe Guyon (Cipango) : partage d’émotions avec les terriens
On a retrouvé le soleil depuis 2jours, les températures sont très douces et le vent toujours présent ! On est sur la route directe vers la Martinique à 8nds de moyenne, que du plaisir !
Les jours précédents ont été plus difficiles : à cause des fortes vagues on se serait cru dans un shaker. On a eu une série impressionnante d'avaries en moins de 24H perdant notamment un tangon plié en 2 et faussant la mâchoire de deuxième. On en a solutionné une bonne partie 
mais sur le coup ça donne un mauvais coup au moral. Mais c'est également l'intérêt de la course au large de devoir réparer et trouver les solutions seuls, quand le premier shiphandler est à plus de 800Mn !!!
On a vu pas mal de poissons volants, Jeff en a même reçu un en pleine tête; apparemment ça fait mal et ça ne sent pas bon !
En début de matinée, un grain est venu nous taquiner, le vent est monté à 32nds mais comme nous n'avions pas de spi, nous avons juste pris un ris dans la GV, on l'a largué depuis.
On a un groupe qui nous suit à terre, presque tous les jours des proches viennent s'y joindre. On leur fait un point quotidien via 2 proches à terre qui alimentent ce groupe WhatsApp dédié à notre aventure. Ils nous transmettent également leurs réactions. C'est un grand bonheur de 
partager cette aventure avec eux, on a hâte de les revoir !
Bonne journée à tous.

Olivier Hausheer et Christian Zaugg (Marimar) : jeudi, déjà !?
Jeudi déjà !? Voilà une journée qui commence à remettre un peu de confiance dans l’équipage suisse. Après une rupture de nos suspentes du « lazy race », une petite grimpette au mât – seulement 2ème étage (« Jouets, Ménage, Lingerie, Cuisine ») – et un envoi de spi avorté (à cause du reste desdites suspentes), nous pouvons enfin établir notre spi lourd. Il y a un bon 20 à 25 nœuds de NE, nous avons un ris dans la GV, et le pilote ne s’en tire pas trop mal. Juste quelques petits départs au lof provoqués par des vagues. On barre aussi, et ça va mieux. Bref, ça roule ma poule ! 
Nous sommes tout à fait conscients avoir manqué de préparation technique, d’entraînement, de milles, avant de se lancer dans une traversée de l’Atlantique. Foutu Covid ! Et une traversée de l’Atlantique qu’on peut qualifier de pas facile, avec cet anticyclone qui n’est pas où il doit être et cet alizé qui n’est pas établi… Il faudrait mettre un peu d’ordre là-dedans. Faire la « poutze ». Ça c’est un avis bien helvétique, on en convient. Mais on se demande ce qu’en pensent nos petits camarades de traversée…(?). Vivement le Marin pour en causer autre d’un verre !
Voilier MARIMAR IV, cagnard 243, h GMT ; position : ° N ; ° W

Pascal Bernebe et Eric Chalaux (Marimar) : Fatigués mais heureux
RUN VERS LE RHUM 
Alizé très nord-est, bien stable depuis que nous sommes sous cette dorsale à l’ouest du marais dépressionnaire et au sud d’un bel anticyclone 
Ça dépote nuit et jour avec 16 à 32 nœuds de vent au gré des grains
Plus beaucoup d'options tacquetiques, dorénavant à 700 milles du but
Ça plane donc pour ’POUR ASTER BRETAGNE ’ et nous essayons de ne rien casser de plus
Pendant que je barre, chaque jour Pascal fait une expédition dans les fonds du coqueron arrière. Il est vraiment attiré par cette caverne puisqu’il passe 3/4 d’heure dans ce paradis en sandwich de balsa 
Stéthoscope et éponge en main, il soigne son bateau. Tous les quarts d'heure, je l’appelle pour voir s’il ne s’est pas endormi 
Ah, on s’occupe 
Hier soir, l’empannage a donné lieu à quelques démêlages de drisses hissées trop hâtivement et qui ont ragué
Cet après-midi, nous devrions rebasculer bâbord amure vers la Martinique qui nous tend les bras et ses bouteilles de rhum
Fatigués mais heureux de grignoter quelques places 
On vous envoie l’iode du large 
Pascal et Éric 

Bertrand Bore et Claude Dabir (MakossA) : plus de spi… mais des idées !
Ici Makossa avec À comme « Afin de finir ». Aujourd’hui réveil très chagrin, notre dernier spi a explosé cette nuit dans un grain. Donc Makossa ne peut plus avancer que sous GV et génois …

Même si on fait pleins d’autres choses, ne plus courir après les copains va nous manquer. On bascule définitivement en mode finir et croisière s’amuse, avec de la déception, vous vous en doutez.

Ca c’est pour le côté bien réel, avec le dicton vendéen « qui embarque des spis de m… se retrouve dans la m…. ».

Pour le reste, heureusement j’avais prévu des jeux de sociétés, un attirail de pêche, une bouteille de plongée, et toujours mon kit pour faire des bracelets brésiliens. 

Alors on va prendre les choses du bon côté, il fait beau, il fait chaud, nous sommes en bonne compagnie.

Je vais donc prévoir avoir Claudio, comme pour un camp scout, différents ateliers pour rythmer notre journée :

Atelier cuisine de 10:00 à 12:00

Temps calme en se protégeant du soleil 13:30 -14:30

Pêche au gros 15:00 - 17:00

Baignade surveillée 17:00 - 18:00

Toilette 18:30 - 19:00

Préparation du dîner 

Dîner du chef

Veillée karaoké - Sardou et Goldman 

Voilà, on va commercer comme ça et je débrieferai avec Claudio ce soir pour adapter le programme demain. 

900 miles au moins à faire encore, ça veut dire un programme sur 6 - 7 jours au moins…

Bon voilà c’était les News de Makossa avec un À comme on n Abandonné pas même si sans spi, c’est pas pareil … et quand même petit rébus spéciale dédicace de ma part pour la fin « p….. ç. f… c…. !!!!»

 

Xavier Gignoux et Franck Aussedat (Greengo 247) : régime spécial
Pour mieux digérer notre fin de course,
Xavier, notre chef cuistot du bord, a mis en place notre tableau des menus de notre chaîne alimentaire de fin de course :
-Les 3 concurrents qu’on peut bouffer, JIB, OSE et Numerobis
-Les 3 concurrents qui peuvent nous bouffer, l’Indien, USHIP et Sailgrib
Et on fait tout pour arriver le ventre plein...
Et on plaint les premiers qui n’ont rien à bouffer!