édition 2024 - 2025 La Turballe - Marseille - Madère - Martinique

Le (trop) calme après la tempête ?

La première dépression que les concurrents de la Transquadra Madère Martinique avaient à négocier est dans leur sillage. Elle a malheureusement fait des dégâts : 5 abandons sont à déplorer. Les avaries ont sans doute été nombreuses au sein de la flotte des quadrasailors, la faute à une mer très formée et une brise plus forte et instable que prévu, le tout sous spi... L’ambiance devrait radicalement changer dans les heures à venir puisque les concurrents vont devoir maintenant contourner (ou pas) une zone de transition, sans vent.

La bonne nouvelle du matin, pour la majorité des concurrents, sudistes inclus, c’est que vitesse réelle et VMG ne font plus le grand écart : chaque mille parcouru n’est plus « investi sur l’avenir », mais réellement rapprochant du but. Ce qui ne veut cependant pas dire qu’il n’y aura plus de choix stratégiques à faire, bien au contraire !

Dépression n°2
La deuxième dépression est en ligne de mire, ou plus exactement l’énorme zone sans vent qu’elle génère dans son sud. Ce tourbillon de basses pressions siphonne en effet littéralement le moindre souffle de vent sur la route des Antilles.
Deux possibilités s’offrent aux coureurs : tenter de contourner ces calmes par le nord, c’est ce qu’on probablement anticipé les concurrents les plus proches des Açores. Ou essayer de se glisser dessous, une stratégie anticipée également par les nordistes les moins radicaux, ceux qui avaient fait route à l’ouest dès le 2e jour de course.
Ainsi, pas moins de 300 milles (550 km) séparent en latéral (nord/sud) le plus nord des nordistes, Pierrick Penven (Moustache) du duo Quenot/Apolda (Blue Skies) les plus modérés des nordistes qui ne sont plus ce matin qu’à une centaine de milles de l’orthodromie (en latéral Nord/Sud toujours).

Panne de vent pour se réparer
Mais quelle que soit la stratégie choisie, ils vont tous passer par une case « pétole » plus ou moins longue. Une pause qu’ils vont sans doute apprécier dans un premier temps : de quoi faire retomber le stress des deux dernières nuits sous spi dans la nuit noire, d’inspecter les points sensibles du bateau, de réparer, manger…
Mais, très vite, la pression de la compétition et les choix stratégiques reprendront le dessus : les joies de la course au large, donc !

La route des sudistes est moins extrême qu’annoncée : ils ont obliqué à l’ouest dès la latitude des Canaries. A 6 – 7 nœuds ils font cap à l’ouest sauf Caroline Petit et Emmanuelle Blivet (Moogli) semble t-il bien décidées à jouer leur option à fond.


Point sur les abandons
Frédéric Ponsenard (Coco) : pilote HS, grand-voile et foc déchirés, il fait route vers Funchal.
Stéphane Bodin (A40 Architectes) : panne de pilote, il est arrivé à Vila do Porto aux Açores.
Benoit Cornet (Boldmove Nation) : panne de pilote, à 9h ce matin il est à environ 50 milles de Vila do Porto, à 8 nœuds.  
Hugues Ansart (La mer est ronde) : démâtage, il est à environ 130 milles de Ponta Delgada, au moteur à 4 – 5 nœuds. Il n’aura en revanche pas assez de carburant pour rallier les Açores. Il ne demande pas assistance pour le moment, mais la direction de course a informé le Cross Gris Nez, pour envisager un remorquage lorsqu’il sera à 50 milles de l’île.  
Jean-Marc Trihan et Bertrand Géraud (Pour Ecomore) : avarie de safran, ils sont à 100 milles d’Horta, à 5 nœuds.


Mots du large

Bruno Maerten et Olivier Guillerot (Shamrock V)
Tout va bien à bord de Shamrock V
Dans la nuit, notre premier poisson volant nous a rendu visite. Il est bien vite retourne a l’eau, on a pas de bocal a bord
Nous avons assuré jusqu’ici, la mer était chaotique et le vent fort sur cette fichue route Nord. Alors le classement s’en ressent !
Mais nous gardons notre objectif n°1 en vue.



Jérôme Quenot et Gérard Apolda (Blue Skies)
Petits plaisirs pour commencer : la météo devient plus clémente et la température plus agréable. Pas encore de quoi se promener sur le pont en espadrilles mais après ces derniers jours ventés et agités, on apprécie autant que notre position aux avant-postes !

Nous appliquons à la lettre les conseils de notre coach Cédric : tu barres, tu barres toujours... sauf quand le pilote automatique barre mieux que toi ! Vérifié et appliqué, par nos nuits noires sans lune, avec 25 à 35 nds de vent de 3/4 arrière et une mer formée, bref quand tu dois barrer les yeux bandés, le pilote est bien utile et nous permet d'affiner les réglages !

Notre position sur le plan d'eau est à une phase cruciale : nous arrivons dans une zone de calme probable, très étendue qu'il nous faudra contourner soit par le Nord... soit par le Sud ! Quelques travaux à la table à carte nous ont occupés une bonne partie de la journée ! Nous vous laissons suivre notre trajectoire qui n'est pas sans risques : la suite au prochain épisode !

En parlant du Sud, ce soir c'est repas du Sud-Ouest avec jambon de Bayonne et saucisse sèche du Gers et mangues au dessert : nos dernières réserves de vivres frais, ensuite nous poursuivrons avec les plats préparés...