édition 2024 - 2025 La Turballe - Marseille - Madère - Martinique

Du vent dans les voiles

Les fichiers météo d’hier ne sont pas ceux d’aujourd’hui et c’est tant mieux ! 7 à 8 nœuds pour les nordistes, 4 nœuds pour les concurrents les plus sud : les quadrasailors ont à nouveau du vent dans leurs voiles, même si la situation météo des jours à venir reste évolutive.

(photo @Pour Aster Bretagne)

Les concurrents les plus nord, tous des solitaires d’ailleurs, (Pierrick Penven (Zéphyrin), Paolo Magione (Ciao Ciao), Yann Jestin (Vari), Philippe Triem (Phu Cam), notamment) ne se sont pas arrêtés très longtemps hier. La palme revenant à Paolo Mangione qui a toujours affiché une vitesse quasi régulière autour de 6 nœuds, de quoi donner quelques cheveux blancs aux partisans d’une route médiane : Alex Ozon (Sapristi), Arnaud Vuillemin (Jubilations Corses), Jean-François Hamon (Pour Ferdinand), Olivier Grassi (Grassi Bateaux)… 

Chez les doubles Atlantique, les grands gagnants du passage à vide d’hier sont Noël Racine et Ludovic Sénéchal (Foggy Dew) : ils affichent ce matin une centaine de milles d’avance sur leurs poursuivants Gérard Quenot/Jérôme Apolda (Blue Skies), Jean Passini/Dominique Dubeau (SNA Numerobis), partisans d’une route médiane.
Les duos Pierre Guichard/Marc Pouydebat (Thelma et Louise) et Betrand Bore/Claude Dabir (Makossa) poussent encore leur option nord, avec peut-être l’idée de contourner la dépression, toujours elle, dans son nord ?  A suivre…
Cette flotte est d’ailleurs scindée en deux grands groupes : les nordistes et les « médians », le match ne fait que commencer !
Et, très bonne nouvelle, les trois sudistes de cette flotte ont eux aussi retrouvé du vent.

Ça joue serré et tous azimut chez les Méditerranéens ! Un quatuor de nordistes (Antoine et Julien Lacombe (Bidibulle), Thomas Filleux et Florian Demainay (Milou), Jean-Christophe Petit et Gregoire Comby (Gilolo), Bruno Maerten et Olivier Guillerot (Shamrock V)) bataillent entre eux et contre un autre quatuor à quelques dizaine de milles plus sud (Isidoro Santecca/Roberto Rovito (Alquimia), Tolga Pamir/Sinan Sumer (OMM Alize Ocean Racing), Benoit David/Guillaume Barbet (Marcher sur l’eau), Paul et Patrick Van Gaver (Hathor V)).
Tandis que deux autres duos investissent encore plus nord et que d’autres jouent l’orthodromie…
Enfin, à 1000 milles plus au sud que les plus au nord, Caroline Petit et Emmanuelle Blivet (Moogli) sont récompensées de leur investissement sud : elles ont retrouvé des alizés et tracent ce matin à plus de 7 nœuds.
Pierre-Yves Rollin et Paul Camps (A chacun son Everest) ont malheureusement dû jeter l’éponge hier à causes de problèmes électriques. Ils font route vers Horta, aux Açores.

A noter, en revanche, le retour en course en revanche pour Benoit Cornet (Boldmove Nation) il s’était arrêté aux Açores suite à des problèmes de pilote.

Bref, ça matche à tous les étages tout en dégustant le bonheur d’être sur l’eau comme le racontent si bien les nombreux messages reçus du large, notamment ce matin :-)

Et côté météo ? hum… l’avenir nous dira ce qui va se passer, puisque les fichiers d’hier n’étaient pas ceux d’aujourd’hui et que ce sera sans doute aussi vrai demain ? ou pas… Toujours est-il que le système dépressionnaire qui se maintient sur la route des Antilles va continuer de jouer un rôle majeur dans la stratégie des concurrents de cette Transquadra Madère Martinique dans les jours à venir.

Va-t-il être possible de se glisser dessous ? Quitte à passer par la case « près » ? Ou bien va-t-elle glisser sud et laisser passer les extrémistes du nord ? Et quid des sudistes ?

Réponses dans quelques jours…

 

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Poésie du large

Xavier Gignoux et Franck Assedat (Greengo)
Pendant ces nuits étoilées sur fond de ciel très noir car il n’y a pas de lune,
Les étoiles ne scintillent pas mais sont des points infiniment petits, infiniment nombreuses et d’intensité lumineuse très variables
Les planètes (Vénus en particulier) sont d’une couleur très différente des étoiles et visiblement plus grosse
On a l’impression d’avoir enlevé cette couche de peinture sale et blafarde qui dénature le ciel de nos villes
Vous devriez venir voir cela comme c’est beau ici

Frédéric Nouel et Denis Lazat (Fondation de la Mer)
Même si nous sommes en course, et même si nous ne sommes pas vraiment dans le haut du classement (euphémisme!), cela ne nous empêche pas de rester positifs. Conscient de la chance que nous avons d'être sur l'océan, d'avoir pu choisir la liberté, et déjà, pour la plupart d'entre
nous de vivre dans un pays en paix.

J'aurais pu reprendre la formule de "Trois Kifs par jours" pour vous raconter nos petits bonheurs quotidiens, mais j'ai préféré n'en choisir qu'un seul, et le développer un peu plus.

Aujourd'hui: s'endormir.
Il peut sembler étonnant que je choisisse le moment précis où l'on s'endort comme un grand moment de bonheur car par définition ce moment est insaisissable. Si j'aime m'endormir en mer ce sont pour les quelques instants qui précèdent la phase de sommeil.

Montaigne se faisait réveiller parfois en pleine nuit pour le simple plaisir de se rendormir. En voilier pour notre plus grand bonheur, le rythme des quarts et les mouvements du  bateau font que ce plaisir revient souvent: au moins entre 5 et 6 fois par tranche de 24 heures en
moyenne si on est en double, bien plus souvent encore lorsqu'on navigue en solo.

Les premiers jours, alors que le corps s'habitue à un environnement hostile, les muscles sont un peu raides, même douloureux, des courbatures apparaissent, et se préparer à dormir c'est d'abord la promesse du relâchement.

Il faut bien choisir son lieu. Cela peut être assis à la table à cartes, la tête posée contre sur un coin libre de la paroi, à l'intérieur de la coque, juste à côté du tableau électrique et de ses loupiotes rouges. Ça peut être dehors attaché dans les filières (plus rare en équipage réduit) ou dans le cockpit, pour peu qu'on parvienne à s'y caler. C'est souvent juste vautré tout habillé, en bottes et en cirés sur les voiles entassées dans le carré s'il faut rester prêt à remonter sur le pont
d'urgence. Les grands sacs mous des spis sont souvent les plus confortables, si l'on peut en disposer deux ou trois.

Avec un peu de chance on ira s'allonger sur une bannette après avoir retiré sa brassière, et peut-être même une couche ou deux. Là les minutes qui précèdent le sommeil sont précieuses.

Dès la première nuit la fatigue générale s'installe et fait que la phase de l'endormissement est le plus souvent très courte. Il n'y a pas de temps à perdre : enfin allongé, on écoute les bruits du bateau tour à tour rassurants ou terrifiants, on sent l'eau qui glisse à quelques centimètres a peine de sa tête. On se retourne peut-être une fois ou deux, on ramène un peu le duvet sur soi. On pense à un être cher : où est-il, ou est-elle ? La gite et les mouvements du bateau nous tassent contre la coque un peu plus à chaque vague. Pour peu que la météo soit clémente on est juste bercé doucement.

Alors tout va très vite, on bascule aussitôt dans un sommeil libérateur mais dont on sait qu'il restera superficiel, pas assez réparateur et peuplé de rêves improbables.

Et l'on s'endort, pour deux heures, pour vingt minutes.
Denis
A bord de Fondation de la Mer

Pascal Bernede et Eric Chalaux (Pour ASTER Bretagne)
Le lit du vent 
Sans vent, pas de lit !
Où dormir dans les zones sans vent
Alors le Marin se hâte-t-il de la quitter 
Pour retrouver le lit du vent 
Et enfin dormir 
Mais comme disait le Sage
On ne se baigne jamais deux fois dans la même eau du lit de la rivière 
Le Marin obéissant ne dort jamais deux fois dans le même lit
Ou seulement le croit-il !

Pascal et Éric dans le vent retrouvé

Dominique Sarrazin et David Picamoles (Vega)
Des nouvelles de VEGA où tout va bien à bord.
Comme tous les "nordistes" nous avons été secoués durant les 3 premiers jours mais ayant décidé d'enrouler l'ortho, nous avons été plus "au calme" un peu plus tôt.
Rien de particulier à signaler si ce n'est un surpatage de la drisse de GV que nous avons résolu après longues réflexions sans perdre la drisse et un problème de connectique des panneaux solaires résolu.
Nous apprécions chaque moment, les couleurs, les nuages, les nuits étoilées et l'ambiance à bord qui est vraiment excellente !!
ETA envisagée le 15 février !!
A bientôt.
D and D

Gérard Quenot et Jérôme Apolda (Blue Skies)
Aujourd'hui, nous avons cherché le vent toute la journée, mais sans le trouver !
Même si naviguer dans la pétole est plus tranquille que dans la brise, c'est aussi plus éprouvant pour les nerfs : il faut sans cesse régler les voiles, essayer le spi, l'affaler 10 min après parce que ça ne va plus, puis recommencer... et barrer pour tirer profit des moindres variations de vent. Donc concentration maximale et il faut surtout rester "zen" !
Nous avons aussi tiré parti de cette journée calme pour finir de réparer la Grand-voile.
Maintenant on est prêts pour le sprint final, il ne manque plus que le vent. Mais ça devrait commencer à revenir en fin de nuit, on croise les doigts !
Gérard et Jérôme

Olivier Hausheer et Christian Zaugg (Marimar )
Hier soir, petit repas végétarien – avec un verre de rouge tout de même – et une multitude de dauphins atlantiques (petits, avec leur corps tacheté). Il fait beau et le bateau avance maintenant gentiment sous spi léger. Un joli croissant de lune, avec Jupiter à côté, disparaît sous l’horizon.
Notre spi léger fait des merveilles pendant la nuit, avec des vents qui se stabilisent à 10-12 nœuds. Par contre, petit à petit, il nous pousse vers le sud, ce que les grib semblent vouloir nous déconseiller. En fin de nuit, nous troquons le spi léger contre le code zéro, puis, à la mi-journée, nous optons pour le génois médium, afin de rester sur une route proche de 270. 
Journée monotone, mais belle quand-même : du près pour regagner un peu de nord. Elle avait commencé sous un ciel nuageux, puis un soleil, qui a de la peine à vraiment réchauffer en raison du vent apparent, s’est imposé.
Voilier MARIMAR IV, cagnard 243, 20h GMT ; position : 30°32 N ; 30°16 W