édition 2024 - 2025 La Turballe - Marseille - Madère - Martinique

Des mots, des phrases, des textes du large !

Et voici de quoi faire le plein de belles histoires pour attaquer le week-end ! :-)

Photo : rencontre au coeur des calmes entre Pascal Bernede et Eric Chalaux (Pour Aster Bretagne) et Damien Jenner (Mascarpone)

Patrick Morvan et Guillaume Pinta (Team BFR Marée Haute)
Coucou les amis,
3h du matin, installé confortablement dans le pouf (quel pied ce truc en mer), voici une petite description de ces dernières 24 heures.
Début de matinée un peu nuageuse (pas de levée visible de soleil), bricolages divers sur le pont et dans le bateau, puis retrouvaille d'Enamareno pour une séance photo programmée,
On voulait parfaire nos armes pour mieux les achever et on a sorti toute la garde-robe  : notre but inavoué était de savoir, en comparant nos vitesses de visu, quid de notre meilleure voilure pour des allures autour de 150° du vent par vent faible (le choix portant entre un spi asymétrique et un symétrique un peu plus petit). En restant quelques heures autour d'eux, maquillant nos tentatives par des mises à l'eau ponctuelle d'une ligne à thon, et pour les faire saliver, on a changé 5 fois de spis.
Résultat des courses : spi asymétrique sur tangon en mettant l'amure au vent plus basse et avec 2 fois moins d'angle que le spi symétrique. 
Les empannages sont certes un peu plus long mais on a bien mis au point la chose,
Nous n'étions pas assez rapide pour espérer attraper un thon.
Cirés et bottes sont remisés depuis deux jours et c'est bien agréable.
L’après-midi fut lente mais nous n'étions jamais scotché ; le vent est monté en fin de journée.
La glisse de cette nuit est fort agréable et le pilote en mode vent à 150° fait bon office.
Le vent va monter très progressivement sur les 2 prochains jours et ne plus nous quitter.
Les dauphins et cachalots nous snobent (un seul dauphin resté 30 secondes depuis Madère) et les poissons volants attendent les alizés,
C'est bon le bercement d'un voilier aux allures portants : ça rend heureux comme un bébé dans son landau (landeau peut-etre).
Bises des vieux du Team BFR

Bruno Maerten et Olivier Guillerot (Shamrock V) : petit déjeuner au lit
Ambiance tristounette ce matin sur Shamrock V. D’abord a cause de l’abandon de quelques copains, qui vont devoir se taper 450 miles au près pour rentrer… et puis le classement, vraiment pas terrible. C’est passe a notre Nord et à notre Sud, mais pas au milieu…. Enfin, les derniers routages sont encourageants, encore de la pétole à venir.
Le vent est de retour, c’est déjà ça, mais on manque d’entrain, la preuve : c’était petit déjeuner au lit ????

Stéphane Bailly et Hervé Géraud (Même pas cap l'indien)
Tout va bien à bord de l’indien en ce vendredi 5 fev
Nous aiguisons soigneusement notre tomawak pour scalper les quelques hommes blancs qui osent encore devancer notre fougueux cheval de 32 pieds mais 4 sabots sur les longues plaines de l'atlantique
Nous allons tout faire pour conserver et si possible encore améliorer notre septième place en temps compense en tout cas aujourd'hui
mais au classement CNH toujours premier c'est déjà ça !
Pour fêter ça, ce midi, c'est pâtes au bolet avec un bon coup de rouge et en dessert des crêpes turbo cad des crêpes Whahou bien imbibé de whisky japonais, c'est nipon ni mauvais et surtout anti covid !
On attend le soleil et les longs surfs... on a du oublié de cocher cette option dans le document d'inscription... On n’aurait jamais dû quitter Montauban !
Nous sommes franchement tristes pour nos copains qui ont dû abandonner. Cela a beau être une régate il y a dans cette course une franche solidarité entre marins...

Erwann Ludot et Brice Villon (Belle Etoile)
Tout va bien au milieu du désert, Belle Etoile semble apprécier le voyage et nous aussi après un début de course fatigant et compliqué car sans info météo. Désormais tout schuss vers Le Marin qui est encore très loin tout de même...
On attend encore du vent fort, de la pluie et de la mer, vive les alizés du NW !
À le plus vite possible !
Erwann et Brice.

Pascal Bernede et Eric Chalaux (Pour Aster Bretagne)
A bord de Pour « Architecture Sans TERritoire », nous positivons !
Sapristi nous la refait comme en 2018, notre Alex préféré et toujours bien inspiré. Mais l’arrière, c’est moins glorieux et on s’accroche, on s’applique à envoyer la bonne voile au bon moment et au bon endroit (pour l’endroit la zone de transition nous coûte une journée). Pascal orchestre les fichiers météo puis c’est le partage pour le choix de la meilleure route estimée
Hier farniente dans la pétole, un chausseur de risée à la barre, l’autre au repos 
Ce temps de curé nous a permis de faire une rencontre, non pas avec nos amis de « Côte à Côte », mais avec Mascarpone de Damien Jenner avec qui nous avons bavardé au milieu de l’Atlantique comme avec un voisin par-dessus la haie (voir photo), discussion de route bien sûr. Cela ressemblait à une régate sur notre Bassin d’Arcachon au mois d’août 
La petite brise de cette nuit, le premier quartier de lune depuis le départ, quelques dauphins venant saluer leurs copains marins dans un coucher de soleil, tout cela rend cette régate toujours aussi attachante
Aujourd’hui, alors que nous sommes depuis 6 jours à la latitude de Funchal à contourner cette immense bulle sans vent. Ce jour verra t’il l’empannage libérateur pour mettre le cap vers le sud et le Ti’Punch
En attendant on se soigne ou on délire dans le délire du caleçon :
Le caleçon de marin, c’est comme les spis
Les grands caleçons pour les grands marins (pour ne pas dire fort en taille)
Les petits caleçons pour les petits marins 
Donc si à votre bord vous n’avez que des petits spis, vous n’avancez pas dans le petits temps
Les caleçons, c’est pareil, si tu n’as que des grands caleçons, tu n’avances pas avec ton caleçon sur les chevilles 
Moralité : les caleçons, c’est comme les spis, mieux vaut les essayer avant de partir!
Nous pensons à Hugues et à tous les autres dont la belle aventure a pris fin trop tôt
Pascal et Éric

Arnaud Vuillemin (Jubilations Corses)
3 fevrier J5
:
Journée pétole  !! à part quelques fins souffles d'air, la journée s'est passée à attendre le vent. Heureusement la mer s'est calmée. Donc c'est vacances au soleil  : bronzette, bouquin(j'ai fini Intuito de Gounelle, film...(je me suis revu «  Casino Royal  », un must  !!)
La nuit est noire, sans lune. C'est splendide, le ciel étoilé sans pollution lumineuse est un spectacle que l'on a de plus en plus rarement l'occasion d’observer à proximité de nos grandes villes (toute proportion gardée pour Bastia!!). La voie lactée est là aussi, Orion, Syrius, Grande ourse...
4 février J6 5H00 UTC :
Ça a commencé par une petite alarme vent… Tient ! Une rafale à 3 nds... s'agit-il d’une rafale ou d'un mouvement du bateau ??
En effet il existe sur l'eau un très léger frisotti. Allez !! on sort le spi qui a de la peine à se gonfler. Mais progressivement, ça devient plus nette, Jubilations recommence à respirer !!! enfin !!!
C'est encore la nuit sur l'eau calme, les safrans provoquent une traînée lumineuse provoquée par le plancton phosphorescent. Encore plus forte qu'en Méditerranée !! Magique !
Actuellement à 10 UTC, le vent souffle à 10nds, le bateau glisse doucement sur l'eau presque plate. Que c'est agréable et paisible, le temps de prendre un petit déjeuné lyophilisé « Morning oats with raspbery », pas si mauvais...
Au niveau du classement, Sapristi a pris le large par l'avant et me précède de 95 Mn, ça commence à faire beaucoup  !! Au Nord Zephyrin et Ciao Ciao ont eu une bonne inspiration et sont passées devant, ça va être dur à récupérer... autour de moi la meute gronde... je reste dans la course malgré cette halte météo, mais la première place vient de m'être substituée. Je continue à me battre et à faire avancer le bateau de mon mieux, et surtout profiter de cette parenthèse unique de navigation hauturière en solitaire !!

Eric Tilly et Florent Bouillon (Logoden)
Après un réveil de cinq minutes pour émerger suivi de l’enfilade rituelle de vêtements divers, dans l’ordre pull, pantalon, salopette, chaussures, blouson, gilet, longe et frontale, je vais retrouver mon compère en poste et échanger avec lui sur la bonne marche de notre Logodenn Je passe au préalable par la paillasse de notre cuisine, son seul « meuble » avec la plaque de gaz, chipper quelques noix, amandes et autres noisettes bien agréables à grignoter à cette heure de la nuit. 
Après lui avoir souhaité une bonne récupération et dit : « à dans 2h! », je m’installe sur mon strapontin (en référence au confort d’assise), et je jette un coup d’œil aux petits écrans allumés dans la nuit et à leurs infos : angle de vent apparent, cap, vitesse du vent et du bateau, bref une saine lecture de chiffres qui me disent que tout est bien réglé et que l’on va bien là ou on veut aller. 
Puis je lève la tête et « j’allume la télé ». Ce soir c’est la Star Academy, un grand ciel sans nuage avec des étoiles bien scintillantes de toute part. Bon pour la lune on repassera, elle a bien fait une apparition en début de nuit avec son croissant naissant, mais plus de nouvelles depuis. Et le décor est parfait, bruit de l’eau contre la coque de Logodenn qui glisse à 7 nœuds sur mer plate, 18 degrés (en faisant du sud ça devrait s’arranger assez vite), humidité correcte, et au milieu de l’écran, façon bateau fantôme, le filigrane de la GV et du spi léger que nous portons depuis 1,5 jours. 
Je repère 2 ou 3 belles étoiles et je pose la main sur la barre de Logodenn pour suivre son mouvement instigué par Georges : vais-je le remercier ce soir ? 
Georges c’est le troisième membre de l’équipe, non déclaré, asexué, toujours docile et plus ou moins serviable. On râle souvent après lui mais c’est généralement que l’on n’a pas été clair ou que le réglage du bateau n’est pas suffisamment équilibré. Il a quelques carences, peut-être liée d’ailleurs à un défaut de lecture de son mode d’emploi, mais par mer calme au portant il est à son aise. 
Je décide de prendre la main, et de profiter de ce moment d’exception, avec ce sentiment d’immensité et de plénitude. Un régal, barrer avec les étoiles c’est quand même plus sympa qu’avec un écran qui finit par éblouir ou qu’un compas abrutissant. 
Une envie me traverse l’esprit et les papilles après une vingtaine de minutes dans les étoiles. : du chocolat !
Je tente de passer la main à Georges et dois m’y reprendre à 2 fois avant qu’il prenne la barre correctement, sans finir en zigzag qui s’amplifient. Je descends et mets la main sur la tablette à la fleur de sel de Guérande, j’engloutis 2 morceaux, un délice. Je pense tout d’un coup à cette bouteille entamée de jus de fruit de la passion pétillant donné aux équipages a Madère, du Brisa. J’en prends 2 gorgées, excellent ! Il faudra essayer de retrouver ce breuvage de retour a Paris, Valérie aura peut-être une idée. En partant je balaie du faisceau de ma frontale la boîte à noix. J’hésite. Pas cette fois, pas de mélange !
Avant de remonter je jette un coup d’œil à l’ordinateur et son logiciel de navigation. Logodenn file au 253, sur la route choisie, la Martinique est au 237, on y va presque directe. Reste 1890 miles, déjà un bon millier derrière nous. Le dernier routage nous faisait arriver le matin de la St Valentin, le jour de l’anniversaire de Pauline et de sa grand-mère.
Après avoir vérifié que le niveau du moniteur de batterie est suffisant et qu’elles ne nécessitent pas d’être rechargées rapidement, je décide de faire un point sur la concurrence et prends mon téléphone pour télécharger le dernier fichier classement. Deux ou trois manips sur le téléphone, puis un câble usb vers l’ordinateur et le tour est joué. Ne pas oublier de déconnecter le wifi de l’iridium de l’ordinateur avant la manip sinon c’est « socket error » sur le tel et ça ne fonctionne pas. Bref, un vrai jeu d’enfant après s’être planté plusieurs fois et pesté contre cette foutu informatique « simple comme bonjour ». 
23ieme, pas mal mais pas assez bien sur, devrait faire mieux si la météo se réalise, le long investissement de l’option nord devrait payer le week-end prochain, et pas qu’un peu !!
De retour aux opérations je reprends les commandes en remerciant mon Georges, aucune alerte sonore d’écart de route ne s’est déclenchée pendant mon incursion au chaud. Du bon boulot. 
Je me replonge dans l’immensité. Sur l’arrière bâbord de Logodenn la pâle lueur du lever du soleil se fait sentir et une étoile brille très fort de ce côté, pas très haut. J’ai oublié son nom mais Luc me le rappellera à l’occasion. Dans un moment Florent viendra prendre la relève et j’irai me reposer. 
Éric, sur Logodenn

Bernard Graffan et Bertrand Fourmon (Oxygen)
Le 3 Février
: Bonjour dernier quart de la nuit ! Qui été très occupée il est 8h le jour commence à se lever à 8h10. Le vent ayant chuté en début de nuit on décide de partir plein ouest et donc on se trouve au près donc on affale le spi et envoie le J 2 grande voile d’avant. De 4h du matin à 6h. Le vent nous faisait trop remonter et nous décidons d’abattre plein ouest et on met le A 3 grand spi asymétrique. Le vent a forci 8 à 11 nds et on décolle en vitesse 6 à 7 nds c’est mieux que 4 ! réglages du spi et de la GV. C’est l’heure du p’tit dej. Crumble au pomme et cappuccino ! Humm Excellent !!  Décalage horaire. On devrait avoir 3 h de décalage environ
Le vent vient de ré baisser un peu (9h 14) le spi reste gonflé.
Le 4 février :
La journée a été vraiment calme ! Très peu de vent, on avançait à 3/4nds. Journée ensoleillée en short et tee-shirts et pieds nus !! Oui on a profité pour checker le bateau. J’ai changé un élastique d’un constricteur, qui un système de bloqueur De drisse un peu spécial formé d’un tube en tissus très solide dans lequel passe la drisse sur le roof juste au-dessus de la descente. Quand ce tube qui est un peu élastique lui aussi est en tension et étiré par un élastique qui le tire cela resserre la drisse qui est à l’intérieur et la bloque, et quand il se rétracte cela libère la drisse. Bref un peu technique !! J’ai recousu les bandeaux avec nos noms qui se déchiraient à cause des écoutes de spi. On a vérifié tous les points d’usure. Début de nuit avec un croissant de lune en coupe ongle mais qui n’est pas restée longtemps, nuit étoilée encore. Le vent monte et notre vitesse aussi !! Et cela va augmenter progressivement. On fait au 270° plein ouest à la rencontre d’une dépression que l’on va contourner par le dessus pour retrouver des vents portants. Donc Spi et vents forts comme les 2 premiers jours. Les vents dans une dépression tournent en rond dans le sens inverse de aiguilles d’une montre. On fait route à côté d’un bateau de la course « Pour Ferdinand » un solo qui nous a demander de veiller pour lui il allait dormir ! 
Nuit du 3 au 5 :
on a pris un bon rythme quart la nuit toutes les deux heures et la journée libre. Sauf que les nuits sont souvent parsemées de manœuvres ! le vent est remonté, sous Spi asymétrique, on a fait deux empannages puis baisse du vent donc changement de spi pour le grand spi symétrique, empannages pour trouver la bonne route que l’on a affiné avec les nouveaux fichiers de vent , donc les quarts ont sauté. On va récupérer aujourd’hui car prévision d’augmentation progressive du vent à partir de vendredi
Bonne journée à vous !!