Des grains dans les rouages
Grain de sel ? Grain de sable ? Non, ce sont des grains de rien, des grains de vent mais de sacrés grains quand même, qui grippent un peu les rouages bien huilés des alizés et pimentent la route des concurrents de la Transquadra Madère Martinique vers les Antilles. Mais, globalement, la cadence accélère un brin depuis hier : grâce à un renforcement de la brise et peut-être au rythme du large désormais bien installé dans les routines du bord. Pour nombre d’entre eux, en effet, de jour comme de nuit, le spi est en place et ça pulse !
A peine 4 jours qu’ils ont quitté leur costume de terriens et les voilà déjà donc bien en phase avec leurs bateaux, seuls sur l’océan… Seuls ? Pas tout à fait car ils sont bel et bien accompagnés de nuages ventés qui rythment leurs journées comme leurs nuits. L’objectif étant de réussir à avoir toujours la voile adéquat avant, pendant et après le grain : ne pas se faire piéger sous grand spi dans des claques à plus de 25 nœuds, ne pas rester sous-toilé trop longtemps en anticipant trop tôt… Car le nuage approche, tourne. C’est sournois un tourbillon de vent. C’est un véritable jeu de chat et de souris au cœur de l’océan, qui se joue entre ces masses nuageuses et nos coureurs des mers ! Mauvaise chute, la course continue « safe »
Mauvaise chute, la course continue « safe »
Ça, c’est quand tout va bien. Ce début de transat n’a en effet pas été un facile pour le solitaire Philippe Desneige, (Netra Leuskel). Blessé à la hanche, au bras et peut-être à une côte : « Dans la nuit de lundi à mardi, dans un grain, il y a eu un départ à l'abattée. Je sors pour libérer la retenue de bôme de la grand-voile qui était à contre, mais je n’ai pas eu le temps !
La poulie de la retenue a cassé. J’étais sur la trajectoire : je me suis fait projeter avec une force incroyable sous le vent.
Je suis resté complètement sonné pendant plus de 5 minutes, avec le spi en drapeau. Et une douleur insupportable m'empêchant de bouger.
J’ai quand même réussi à amener le spi et me suis trainé à l’intérieur pour appeler Vega Prima qui était à proximité et un médecin à Toulouse. »
Philippe s’est reposé pendant 24h. Aujourd’hui, il va mieux avec un peu de mobilité retrouvée. Il reste en course, à un rythme « safe », le temps de retrouver petit à petit ses capacités physiques. « C’est pénible de ne pas pouvoir faire avancer le bateau correctement, mais je suis heureux d’être vivant et presque entier », écrivait-il ce matin.
Drisse cassée, spi déchiré, réparé…
Course momentanément ralentie aussi pour Kyrs Balaya (Whatelse) à cause d’une drisse de spi (neuve) cassée : « Le souci c’est que j’en ai plus qu’une et on n’est pas au bout ! »
Pierre-Yves Fouché et Luc de Camas ont également dû passer a nuit sous génois à cause d’un spi à nouveau déchiré puis réparé. Des petites avaries qui n’empêche pas la course mais « qui nous pompe une énergie importante et nous n'avons peu de répits. Physiquement c'est dur. »
Côté classement, peu d’évolution si ce n’est des écarts latéraux en double qui augmentent entre nordistes en bordure de dorsale et sudistes à la pêche aux alizés plus soutenus. Et Team 2 Choc qui creuse toujours plus son avance…
Les options sont désormais bien en place : qui récoltera quels fruits ? Réponse dans 8 à 10 jours !
photo jour Jean-Paul Forêt (Phantasm II) - nuit : oeiz Cadiou et Stéphane Bodin (Transformation Catalysts)